La flore intestinale interviendrait dans les maladies dégénératives
Commentaire. Nous connaissions son rôle sur le psychisme « Intestin, troisième cerveau ». Son rôle dans les maladies inflammatoires SEP, etc.
Mais voilà encore d’autres choses importantes. Ces fameuses protéines amyloïdes caractéristiques au cerveau de la maladie d’Alzheimer ou de la maladie de Parkinson
« Un nouveau lien cerveau-intestin vient d’être démontré : le microbiote provoquerait l’apparition de protéines amyloïdes dans le cerveau, une caractéristique des maladies d’Alzheimer et de Parkinson ».
Et nous retrouvons Echerichia Coli dont nous avons déjà beaucoup parlé. Il secrète une protéine Curli. E Coli, c’est la bactérie de « l’amour comme une denrée marchande », vous savez quand vous dites à votre partenaire qu’il n’aura pas de sexualité parce qu’il n’a pas été assez gentil et ne vous a pas assez donné ce que vous, vous vouliez. Outre que vous payez de votre corps cette situation totalement anti amoureuse, cette position creuse la tombe du couple. Heureusement E Coli est là pour vous faire réfléchir. Heureusement qu’on les a ces microbes !
L’ARTICLE :
La flore intestinale impliquée dans les maladies neurodégénératives
La sécrétion de protéines amyloïdes par notre flore intestinale entraînerait l’apparition de protéines du même genre dans le cerveau. Or les amas de protéines amyloïdes dans les neurones sont en cause dans les maladies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer.
Pour la Science – Bénédicte Salthun-Lassalle 3mn Publié le 25/10/2016 à 09h00
Un nouveau lien cerveau-intestin vient d’être démontré : le microbiote provoquerait l’apparition de protéines amyloïdes dans le cerveau, une caractéristique des maladies d’Alzheimer et de Parkinson.
Maladies de Parkinson, d’Alzheimer, dégénérescence fronto-temporale, sclérose latérale amyotrophique : quel est le point commun entre ces pathologies cérébrales ? La mort de neurones associée à l’accumulation de protéines dites amyloïdes (différentes selon la maladie). Des protéines anormales s’agrègent en des sortes de « pelotes de laine » qui remplissent les neurones, et se transmettent de neurones en neurones, entre les différentes régions cérébrales et même entre différents organes. Elles provoquent probablement une inflammation (une réaction du système de défense immunitaire) et la mort des cellules. Mais d’où proviennent-elles ? Shu Chen, de la Case western reserve university à Cleveland, et ses collègues ont montré qu’elles seraient issues de nos intestins, et plus précisément des bactéries de la flore intestinale.
Dans différentes maladies neurodégénératives, les neurones présentent ce type d’agrégats de protéines amyloïdes qui perturbent leur fonctionnement. Jusqu’à maintenant, on ignorait comment apparaissaient les premières protéines anormales qui se replient mal et vont s’accumuler dans les neurones. On observait également une réaction inflammatoire importante autour des régions cérébrales où ces protéines s’agrègent, sans que l’on sache si elle provoque ou non la mort des neurones. En revanche, on savait que des protéines amyloïdes sont déjà présentes dans les intestins et les neurones intestinaux des patients parfois 20 ans avant que la maladie de Parkinson soit diagnostiquée.
Nos intestins renferment plus de 1,5 kilogramme de bactéries. Cette flore intestinale ou microbiote a de nombreux rôles dans la digestion, contre l’inflammation, etc. Ces bactéries sont pour la plupart non seulement inoffensives, mais aussi essentielles à notre survie. Mais depuis 2002, on sait que certaines d’entre elles produisent des protéines amyloïdes, utiles à leur prolifération, leur adhérence et leur résistance. Les plus étudiées sont les protéïnes « curli », sécrétées par les bactéries Escherichia coli. Chen et ses collègues ont supposé que ces protéines amyloïdes de la flore intestinale provoquaient l’apparition d’autres protéines amyloïdes dans les neurones du cerveau.
Ils ont choisi d’étudier l’agrégation de l’une de ces protéines, l’alpha-synucléine, qui s’accumule dans les neurones des patients atteints de la maladie de Parkinson. Pour ce faire, ils ont nourri pendant deux ou trois mois 344 rats âgés et des vers C. elegans (génétiquement modifiés pour exprimer l’alpha-synucléine humaine) avec des bactéries Escherichia coli produisant des curli, d’autres animaux recevant des bactéries modifiées pour ne plus produire de curli.
Résultat : les rats ayant reçu les E. coli sécrétant les curli présentaient des protéines alpha-synucléines agrégées dans l’intestin et dans les neurones intestinaux, mais aussi dans les neurones du cerveau. Les vers développaient quant à eux des amas de protéines alpha-synucléines dans leurs cellules musculaires. À l’inverse, les animaux exposés aux bactéries ne produisant pas de curli ont développé très peu d’agrégats amyloïdes. En outre, l’apparition des protéines amyloïdes provoquait une réaction inflammatoire locale intense dans le cerveau des rats, comparable à celle que l’on observe dans le cerveau des patients souffrant de maladies neurodégénératives.
Comment les protéines amyloïdes sécrétées par les bactéries affectent-elles indirectement les neurones ? Les scientifiques émettent trois hypothèses. La présence des protéines agrégées bactériennes pourrait provoquer une surexpression de l’alpha-synucléine dans tout l’organisme, ce qui favoriserait alors son agrégation. À moins que l’agrégation ne se transmette, presque de proche en proche, à d’autres protéines, par un mécanisme nommé ensemencement croisé (cross-seeding). Ou encore que l’activation immunitaire engendrée dans les intestins par les protéines amyloïdes bactériennes entraîne une réaction immunitaire et une inflammation au niveau cérébral ; inflammation qui serait alors à l’origine de l’agrégation protéique cérébrale.
Quoi qu’il en soit, cette étude est l’une des premières à démontrer que le microbiote est capable de provoquer l’agrégation de protéines anormales dans les neurones du cerveau. De nombreuses questions restent en suspens, notamment sur le mécanisme d’ensemencement croisé. Mais voilà une nouvelle piste de recherche pour mieux comprendre les maladies neurodégénératives, voire les traiter, étant donné que l’on dispose maintenant de nombreux outils pour étudier et agir sur la flore intestinale.
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 228