Notre mode de vie appauvrit notre microbiote

Commentaire. Entre une plante qui l’améliore et notre mode de vie qui le dégrade. Encore une fois le système microbien est au coeur de notre santé. Cela fait 50 ans que la médecine et l’agro-industrie joue avec. Logique que nous en payons les conséquences. Olivier Soulier

 

L’ARTICLE :

« Notre mode de vie appauvrit la diversité de nos microbes »

Sciences et Avenir – Par Elena Sender le 15.12.2019 à 11h00

Interview de Joël Doré, directeur de recherche Inra (Institut national de la recherche agronomique), sur la diversité des bactéries qui peuplent notre corps. Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°874 daté décembre 2019.

Sciences et Avenir : Buccal, intestinal… combien de microbiotes avons-nous ?

Joël Doré : À la naissance par voie basse, le bébé reçoit des milliards de microbes de sa mère, puis de l’environnement, qui vont coloniser son organisme. Se développent alors différents microbiotes, c’est-à-dire des populations autochtones et permanentes de bactéries : cutané, buccal (jusqu’aux poumons), urogénital, et quatre microbiotes intestinaux différents selon la partie du tube digestif considéré. C’est une parfaite symbiose ! On offre à ces microbes le vivre et le couvert. En retour, ils produisent des nutriments utiles, stimulent notre système immunitaire et empêchent des agents pathogènes de s’installer.

Forment-ils avec l’humain un seul super-organisme ?

La pensée actuelle est, en effet, que les êtres humains, comme la majorité des espèces sur la planète, sont des « holobiontes », une association entre un organisme supérieur (eucaryote) et ses microbiotes avec lesquels il a coévolué. Le problème est que notre mode de vie (multiplication des naissances par césarienne, excès d’antibiotiques, alimentation pauvre en fibres, polluants…) mène à l’appauvrissement de la diversité de nos microbes, ce qui représente un risque pour notre santé.

En quoi ces connaissances peuvent-elles aider la médecine ?

En cas de pathologie, nos microbiotes se déséquilibrent. Par exemple lors d’une cirrhose (maladie du foie), où l’acidité de l’estomac est moins forte et les sels biliaires moins abondants, les bactéries buccales avalées passent dans l’intestin sans être arrêtées. Plus la maladie est sévère, plus le microbiote intestinal est altéré. Le profilage du microbiote intestinal devient alors un outil de diagnostic majeur. Outre le profilage, nous étudions les transferts de microbiotes sains vers un hôte malade ou bien l’apport de probiotiques (bactéries) de nouvelle génération, pour de futurs traitements. Ces nouvelles approches médicales sont étudiées au sein de notre projet Homo symbiosus, lancé en 2019, avec un financement européen de 2,5 millions d’euros pour 5 ans.

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/os-et-muscles/interview-joel-dore-directeur-de-recherche-inra-directeur-scientifique-de-l-unite-metagenopolis-institut-micalis-inra-agroparistech-universite-paris-saclay-notre-mode-de-vie-appauvrit-la-diversite-de-nos-microbes_139456

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 286

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